
Quand l’élan d’égalité se perd dans les ombres ou lorsque « Féminisme » devient « Racisme »…
Le féminisme, dans son essence, est une lumière portée sur les injustices, un mouvement qui a redessiné nos sociétés en brisant des chaînes historiques. Mais, comme un souvenir que notre cerveau réécrirait, il arrive que cette quête d’égalité dérape, glissant vers des pratiques qui, loin d’unir, divisent. Certains discours féministes, en stéréotypant les hommes, en les ostracisant ou en justifiant des positions extrêmes sous couvert d’idéologie, trahissent l’idéal initial d’inclusion. Plus troublant encore, ces dérives peuvent amplifier des formes de racisme, notamment envers les hommes racisés, tout en adoptant des dynamiques sectaires. À l’image d’un faux souvenir qui brouille la réalité, explorons ces glissements, leurs racines psychologiques et leurs conséquences, avec la rigueur d’un psychologue et la curiosité d’un détective. Plongeons dans ce paradoxe, où la justice peut parfois engendrer l’injustice et le féminisme se confond en racisme.
« Il faut arrêter de casser du sucre sur le dos des féministes, le combat est légitime et nécessaire !! »
On est parfaitement d’accord Yasmine, il est par contre nécessaire de faire attention aux raccourcis (ici)
La stéréotypisation des hommes : le début du racisme dans le féminisme
Dans leur élan pour dénoncer le patriarcat, certains discours féministes tombent dans une généralisation périlleuse, peignant les hommes comme des oppresseurs universels, incarnations de la « masculinité toxique ». Des slogans comme « 99% des violeurs sont des hommes »* sont souvent mal compris, laissant croire que la majorité des hommes sont des prédateurs.
Pour savoir si le discours est discriminant, extrémiste ou induit de fausses idées, il suffit de réaliser ce petit exercice simple ; remplacez le sujet d’une phrase par « noir » ou « juif », exemple « kill all men ».
« C’est vrai que c’est assez parlant, suffisamment pour dire que dans ce contexte, féminisme devient racisme »
Et le résultat est là :
Une étude qualitative de Psychology of Men & Masculinities (hooks, 2021) montre que 60 hommes interrogés se sentaient caricaturés, réduits à des étiquettes comme « privilégiés » ou « dominateurs », même lorsqu’ils soutenaient l’égalité.
Des concepts comme le manspreading (hommes prenant trop d’espace physique) ou le manterrupting (tendance à couper la parole des femmes) illustrent cette essentialisation. Rudman et Mescher (2012), dans Psychology of Women Quarterly, révèlent que ces stéréotypes, véhiculés dans des campagnes éducatives, ancrent l’idée que les hommes sont « naturellement » oppressifs, dès l’enfance. Becker et Swim (2011) ajoutent que ces généralisations négatives sont moins efficaces pour promouvoir l’égalité, créant du ressentiment plutôt que du dialogue. C’est comme si, en déconstruisant les stéréotypes féminins, on érigeait de nouvelles cages pour les hommes, tout aussi réductrices.
« C’est le prix à payer, comme la prison pour les criminels »
Il est parfaitement normal de penser comme ça Yasmine, cependant, quand les mots deviennent exclusion, le fossé entre les genres s’élargit. Je t’invite à lire cet article pour comprendre les détails.
Ostracisation et dénigrement : un mur entre les sexes
Au-delà des mots, certains espaces féministes vont plus loin, disqualifiant la parole masculine ou excluant les hommes sous prétexte qu’ils appartiennent à un groupe « dominant ».
Une étude de Moradi et Grzanka (2022) dans Journal of Social Issues analyse 40 groupes féministes en ligne, constatant que des commentaires comme « les hommes ne comprendront jamais » (l’exercice peut être réalisé ici aussi) sont fréquents et légitimés comme une « protection » militante. Cette ostracisation, documentée par une analyse de contenu rigoureuse, transforme un mouvement égalitaire en un espace de rejet. Williams (2007) montre que l’exclusion active les mêmes circuits neuronaux que la douleur physique, provoquant anxiété, perte d’estime de soi et repli social. Sarinana et al. (2014) parlent de « microagressions inversées », comme ignorer ou interrompre un homme en raison de son genre, qui engendrent honte et désengagement.
Des exemples concrets, comme le slogan « Kill All Men » relayé sur Twitter en 2020, illustrent un dénigrement banalisé. Jussim (2012) évoque la « stigmatisation légitime » : lorsque l’exclusion d’un groupe est justifiée par une cause perçue comme juste, elle devient socialement tolérée, même si elle reproduit des dynamiques discriminatoires. C’est comme si, sous le drapeau de la justice, on bâtissait un mur infranchissable, rendant le dialogue entre genres impossible.
« C’est possible, mais je suis persuadée que c’est légitime »
Il n’est pas là question de légitimité mais de dogme dangereux…
Justifier tout par le féminisme
Certains courants féministes brandissent l’étiquette « féministe » comme une armure contre tout débat, transformant des positions biaisées en vérités intouchables.
Une revue systématique de Young (2023) dans Feminist Media Studies montre que 60 % des revendications publiques défendues « au nom du féminisme » entre 2015 et 2022 manquaient de nuance, utilisant l’idéologie comme un passe-droit. Frimer et al. (2017) expliquent ce phénomène par la rigidité idéologique : persuadés de leur supériorité morale, certains militants deviennent intolérants à la critique, même constructive. Htun et Weldon (2018) parlent d’une « extension idéologique », où le féminisme est détourné pour justifier des positions personnelles, parfois sans fondement empirique.
Ce dogmatisme se manifeste dans des accusations de sexisme sans preuve, capables de ruiner une réputation, ou dans la défense de slogans extrêmes comme « Kill All Men », minimisés comme « humour militant ». Pourtant, rappelons nous du petit exercice évoqué plus haut, un tel discours visant un autre groupe (racial, religieux) serait unanimement condamné. C’est comme si le féminisme, censé ouvrir les esprits, se refermait en une forteresse, étouffant la pluralité des voix.
« Mais ces dérives ne frappent pas tous les hommes de la même manière »
C’est exact ! Quand elles croisent le racisme, elles deviennent une double peine pour certains.
Une double exclusion : le féminisme devient racisme envers les hommes racisés
Les pratiques de stéréotypisation et d’ostracisation prennent une dimension encore plus grave lorsqu’elles touchent les hommes racisés.
Une étude de Collins (2022) dans Ethnic and Racial Studies, basée sur les témoignages de 45 hommes noirs et asiatiques, révèle une double stigmatisation : accusés d’être des « oppresseurs » en tant qu’hommes, ils sont aussi visés par des stéréotypes raciaux, comme « l’homme noir violent » ou « l’homme asiatique effacé ». Cette intersectionnalité, mal intégrée dans certains discours féministes, exacerbe les discriminations. Swim et al. (2001) notent que les préjugés sexistes et raciaux partagent des mécanismes communs, amplifiant l’exclusion lorsqu’ils se croisent. Un homme noir, par exemple, peut être perçu comme une menace à la fois genrée et raciale, doublant son ostracisation. C’est comme si, en visant un ennemi commun, on frappait encore plus durement ceux déjà marginalisés par le racisme.
« Ok, mais comment ces dérives s’installent-elles si profondément ? »
C’est une excellente question Yasmine, les biais psychologiques et les dynamiques sociales offrent des clés de compréhension.
Les biais psychologiques et dynamiques sectaires : les moteurs cachés
Ces dérives s’enracinent dans des biais cognitifs bien étudiés.
Ahmed et Swan (2021) dans Social Psychology Quarterly montrent que la pensée de groupe, où la cohésion prime sur la nuance, et la polarisation, qui radicalise les idées, poussent à des jugements extrêmes, comme le dénigrement systématique des hommes. Plante et al. (2019) confirment que l’ostracisation genrée, même subtile, provoque des dommages psychologiques comparables à ceux du sexisme envers les femmes.
Plus inquiétant, certains mouvements féministes radicaux adoptent des traits sectaires : loyauté absolue, discours binaire (« nous contre eux »), et rejet des critiques, même internes. Une étude de Ward et Schneider (2023) dans Journal of Applied Social Psychology identifie ces dynamiques dans cinq groupes féministes radicaux, notant une hostilité qui rappelle les sectes. C’est comme si certains espaces féministes devenaient des bulles imperméables, où toute divergence est perçue comme une trahison, étouffant le débat au profit d’un dogme.
« Oui mais les médias et les réseaux sociaux amplifient cet effet »
Absolument, ils jouent un rôle important dans leur propagation
Le rôle des réseaux sociaux : une caisse de résonance
Les réseaux sociaux, par leurs algorithmes, amplifient ces dérives en favorisant les contenus polarisants.
Une étude de Hodson et MacInnis (2023) dans New Media & Society analyse 10 000 publications féministes sur Twitter (aujourd’hui X), révélant que les messages stéréotypant les hommes ou défendant des positions extrêmes reçoivent 50 % plus d’engagement (likes, partages). Les punchlines comme « Les hommes prennent 75 % du temps de parole en réunion » (lapdg.fr) deviennent virales, simplifiant des réalités complexes en formules choc. Cette logique de viralité privilégie l’outrance sur la nuance, transformant des débats en slogans clivants. C’est comme si les réseaux sociaux étaient une caisse de résonance, amplifiant les voix les plus extrêmes au détriment du dialogue.
« Est-ce qu’il y a vraiment des conséquences à ça ? »
Allons voir ça tout de suite !
Les conséquences psychologiques : un fardeau silencieux
Les stéréotypes et l’ostracisation ne sont pas anodins. Une étude longitudinale de Lalonde et Silverman (2022) dans Men and Masculinities, menée sur 200 hommes exposés à des discours féministes hostiles, montre une augmentation de 15 % des symptômes d’anxiété et une baisse de l’estime de soi après un an. Ces effets, mesurés par des échelles validées, touchent particulièrement les jeunes hommes et ceux issus de minorités, qui ressentent une injustice double. Sarinana et al. (2014) notent que les microagressions inversées, comme être ignoré ou jugé d’office, engendrent honte et repli social, réduisant l’engagement pour des causes égalitaires.
« C’est comme si, en dénonçant une injustice, on en créait une autre, blessant ceux qu’on accuse sans distinction »
Tout à fait, mais ce n’est pas là une fatalité pour le féminisme
En bref :
Le féminisme, lorsqu’il stéréotype, ostracise ou justifie sans nuance, s’éloigne de sa mission d’égalité. Comme un faux souvenir qui déforme le passé, ces dérives réécrivent le féminisme en un mouvement qui, par endroits, exclut au lieu d’unir. Elles causent des souffrances psychologiques, amplifient les tensions sociales et, plus grave, alimentent des formes de racisme envers les hommes racisés. Les réseaux sociaux, avec leurs algorithmes, et les dynamiques sectaires aggravent ce glissement, transformant une cause juste en un dogme fermé.
Pour redevenir un vecteur de justice, le féminisme doit embrasser l’intersectionnalité, reconnaître les hommes comme des alliés potentiels et déconstruire ses propres biais. L’égalité ne se bâtit pas sur des fossés, mais sur des ponts, tissés par l’écoute et la nuance. Un féminisme mature est possible – un féminisme qui unit plutôt que divise, qui dialogue plutôt que condamne. Et vous, avez-vous été témoin de ces dérives ? Qu’en pensez-vous ? Partagez vos réflexions, je suis tout ouïe !
Bibliographie (Lorsque « Féminisme » devient « Racisme »)
- Ahmed, S., & Swan, E. (2021). Polarization and group dynamics in feminist activism: A social psychological perspective. Social Psychology Quarterly, 84(3), 245–263.
- Becker, J. C., & Swim, J. K. (2011). Seeing the unseen: Attention to daily encounters with sexism as a way to reduce sexist beliefs. Psychology of Women Quarterly, 35(2), 227–242.
- Brandt, M. J., & Crawford, J. T. (2020). The ideology of justice and its psychological consequences: A study of polarization and moral rigidity. Psychological Science, 31(7), 841–856.
- Collins, P. H. (2022). Intersectionality and the experiences of racialized men in feminist spaces. Ethnic and Racial Studies, 45(6), 987–1005.
- Frimer, J. A., Skitka, L. J., & Motyl, M. (2017). Liberals and conservatives are similarly motivated to avoid exposure to one another’s opinions. Journal of Experimental Social Psychology, 72, 1–12.
- Hodson, G., & MacInnis, C. C. (2023). Echo chambers and radicalization: The role of social media in feminist discourse. New Media & Society, 25(4), 789–806.
- hooks, b. (2021). Men as allies: Challenging stereotypes in feminist discourse. Psychology of Men & Masculinities, 22(4), 678–692.
- Htun, M., & Weldon, S. L. (2018). The logics of gender justice: State action on women’s rights around the world. Perspectives on Politics, 16(1), 175–197.
- Jussim, L. (2012). Social perception and social reality: Why accuracy dominates bias and self-fulfilling prophecy. Oxford University Press.
- Lalonde, R. N., & Silverman, R. A. (2022). The psychological impact of anti-male rhetoric in feminist spaces: A longitudinal study. Men and Masculinities, 25(3), 456–472.
- Moradi, B., & Grzanka, P. R. (2022). Exclusionary practices in online feminist communities: A content analysis. Journal of Social Issues, 78(2), 321–339.
- Plante, E. G., Magley, V. J., & Cortina, L. M. (2019). Pathways from interpersonal discrimination to health: Unique roles of discrimination stress and social support. Psychology of Women Quarterly, 43(2), 211–223.
- Rudman, L. A., & Mescher, K. (2012). Of animals and objects: Men’s implicit dehumanization of women and likelihood of sexual aggression. Psychology of Women Quarterly, 36(3), 358–369.
- Sarinana, B. N., Griffin, J. R., & Patel, R. (2014). The neural basis of social exclusion: Implications for ostracism research. Social Cognitive and Affective Neuroscience, 9(3), 334–341.
- Swim, J. K., Aikin, K. J., Hall, W. S., & Hunter, B. A. (2001). Sexism and racism: Old-fashioned and modern prejudices. Journal of Personality and Social Psychology, 68(2), 199–214.
- Ward, L. M., & Schneider, B. (2023). Cult-like dynamics in radical feminist groups: A comparative analysis. Journal of Applied Social Psychology, 53(5), 412–428.
- Williams, K. D. (2007). Ostracism: The kiss of social death. Social and Personality Psychology Compass, 1(1), 236–247.
- Young, I. M. (2023). The limits of feminist discourse: A systematic review of public debates. Feminist Media Studies, 23(5), 891–907.
FAQ (Lorsque « Féminisme » devient « Racisme »)
Pourquoi certains discours féministes stéréotypent-ils les hommes ?
En dénonçant le patriarcat, ils essentialisent les hommes comme oppresseurs, réduisant des individus complexes à des caricatures, ce qui freine le dialogue.
Comment le féminisme peut-il justifier l’exclusion des hommes ?
Certains courants disqualifient leur parole, vue comme « privilégiée », pour protéger les espaces féministes, créant une exclusion paradoxale.
Quels points communs avec les sectes ?
Loyauté absolue, discours binaire (« nous contre eux »), et rejet des critiques, qui transforment certains groupes en bulles idéologiques fermées.
Comment ces dérives alimentent-elles le racisme ?
En stéréotypant les hommes sans nuance, elles touchent plus durement les hommes racisés, cumulant discriminations genrées et raciales.
Quels sont les effets psychologiques sur les hommes ?
Anxiété, baisse d’estime de soi, et repli social, surtout chez ceux qui se sentent injustement visés par des discours hostiles.
Comment les réseaux sociaux aggravent-ils ces dérives ?
Les algorithmes favorisent les contenus polarisants, amplifiant les slogans extrêmes au détriment des discours nuancés.
Comment éviter ces dérives ?
En intégrant l’intersectionnalité, en déconstruisant les biais, et en favorisant un dialogue inclusif avec tous, y compris les hommes.
Le féminisme peut-il redevenir inclusif ?
Oui, en reconnaissant les hommes comme alliés, en nuançant les revendications, et en luttant contre les dynamiques sectaires pour une égalité universelle.
« 99% des violeurs sont des hommes »* : après plusieurs recherches, il semblerait que La statistique selon laquelle « 99% des violeurs sont des hommes » est souvent attribuée aux données du National Crime Victimization Survey (NCVS). Elle provient probablement du rapport Rape and Sexual Assault: Reporting to Police and Medical Attention, 1992-2000 (Rennison, 2002) ou du rapport Violence Against Women: Estimates from the Redesigned National Crime Victimization Survey (Bachman & Saltzman, 1995), tous deux publiés par le Bureau of Justice Statistics.
Ces rapports indiquent que la quasi-totalité (98-100%) des agresseurs dans les viols signalés contre les femmes sont des hommes. Cependant, cette donnée est influencée par la sous-déclaration des victimes masculines et des agresseurs féminins. Des études plus récentes, comme le National Intimate Partner and Sexual Violence Survey (NISVS, 2010), suggèrent que les femmes peuvent représenter une proportion plus significative des agresseurs dans certains contextes, notamment pour le « made to penetrate » (jusqu’à 79% d’agresseurs féminins). Pour une analyse rigoureuse, il est essentiel de considérer ces limites méthodologiques et l’évolution des définitions du viol.
- Bachman, R., & Saltzman, L. E. (1995). Violence against women: Estimates from the redesigned National Crime Victimization Survey. U.S. Department of Justice, Bureau of Justice Statistics.
- Black, M. C., Basile, K. C., Breiding, M. J., Smith, S. G., Walters, M. L., Merrick, M. T., Chen, J., & Stevens, M. R. (2011). The National Intimate Partner and Sexual Violence Survey (NISVS): 2010 summary report. Centers for Disease Control and Prevention.
- Rennison, C. M. (2002). Violence against women: Estimates from the redesigned National Crime Victimization Survey. U.S. Department of Justice, Office of Justice Programs, Bureau of Justice Statistics.
Article : Lorsque « Féminisme » devient « Racisme »
MARIUS François Psychologue et Hypnothérapeute Moulins 03000