
Avez-vous déjà entendu parler de la sexomnie, ces comportements sexuels qui surgissent en plein sommeil, sans que la personne en soit consciente ? Pourquoi notre cerveau peut-il orchestrer de telles scènes pendant que nous dormons ? Et surtout, comment accompagner ceux qui vivent cette expérience troublante ? Explorons ensemble ce mystère du sommeil, en démêlant ses causes, ses impacts, et ses solutions.
Qu’est-ce que la sexsomnie ?
Commençons par poser les bases. La sexomnie, parfois appelée « sexe somnambulique », est une parasomnie, un comportement inhabituel qui se manifeste pendant le sommeil. Imaginez votre corps agissant comme s’il était éveillé – initiant une masturbation, des vocalisations sexuelles, voire des interactions avec un partenaire – alors que votre esprit reste plongé dans l’inconscience.
« Sérieusement ?! »
Absolument Lara !
Scientifiquement, la sexsomnie est classée comme une parasomnie du sommeil non-REM (Non Rapid Eye Movement sleep), partageant des similitudes avec le somnambulisme ou les terreurs nocturnes (American Academy of Sleep Medicine, 2014). Une étude norvégienne a révélé une prévalence à vie de 7,4 % pour des comportements sexuels pendant le sommeil dans la population générale, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé en raison de la stigmatisation (Bjorvatn et al., 2010). Par ailleurs, une analyse dans un centre de sommeil a montré que 7,6 % des patients présentaient des symptômes de sexsomnie, avec une prédominance masculine (11 % chez les hommes contre 4 % chez les femmes) (Chung et al., 2010). En outre, une étude plus récente a confirmé que 7,1 % des patients référés pour des troubles du sommeil rapportaient des comportements sexsomniaques, soulignant son caractère sous-diagnostiqué (Andersen et al., 2019).
« Ok, c’est plus les hommes qui sont touchés, si je puis dire… Mais pourquoi est-ce qu’ils font ça ? »
Plusieurs facteurs sont-en jeu…
Qu’est-ce qui provoque la sexomnie ?
Tout commence par un dysfonctionnement dans la régulation du sommeil non-REM, où le cerveau inhibe normalement les mouvements volontaires. Chez les sexsomniaques, cette inhibition échoue partiellement, laissant place à des comportements automatiques. Cependant, plusieurs facteurs peuvent déclencher ou amplifier ces épisodes.
D’abord, les déclencheurs externes jouent un rôle majeur. Le stress, la privation de sommeil, ou la consommation d’alcool sont souvent en cause, augmentant la probabilité d’épisodes chez les personnes prédisposées (Dubessy et al., 2017). Par exemple, une étude a révélé que 31 % des cas de sexsomnie étaient associés à une consommation excessive d’alcool avant le coucher (Andersen et al., 2019). De plus, l’usage de substances, comme les drogues illicites, double le risque de sexsomnie, selon une analyse clinique (Chung et al., 2010).
Ensuite, les prédispositions génétiques sont cruciales. Les personnes avec des antécédents familiaux de parasomnies, comme le somnambulisme, présentent un risque accru (Schenck et al., 2019). À cela s’ajoutent des troubles concomitants, comme l’apnée obstructive du sommeil (AOS), qui exacerbe la sexsomnie dans 25 % des cas (Khawaja et al., 2017). Enfin, des facteurs psychologiques, tels que l’anxiété ou la dépression, peuvent amplifier les épisodes, bien que leur rôle exact reste débattu (Muza et al., 2016). Une étude de cas a même documenté une patiente de 42 ans dont la sexsomnie était exacerbée par un stress élevé et une somnolence diurne (Cankardas & Schenck, 2021).
« Mais non ?! Donc c’est la roulette, ça peut m’arriver alors ? »
Il y a peu de chances mais oui, c’est possible.
Quels sont les impacts de la sexomnie ?
Vivre avec la sexomnie, c’est un peu comme naviguer dans un brouillard d’incertitude. Le défi principal est émotionnel. Imaginez vous réveiller pour apprendre que vous avez eu un comportement que vous ne contrôliez pas, parfois perçu comme inapproprié ou choquant. Une étude qualitative a révélé que 62 % des personnes atteintes ressentent de la honte ou de la culpabilité, ce qui peut entraîner une détresse psychologique significative (Muza et al., 2016).
Les relations de couple sont particulièrement touchées. Les partenaires peuvent se sentir confus, trahis, ou même violés, surtout si le comportement est mal compris. Une étude a rapporté que 45 % des partenaires de personnes sexsomniaques décrivaient une détérioration de leur intimité (Ariño et al., 2019). Par exemple, un cas clinique a documenté des disputes conjugales et des accusations d’infidélité liées à des épisodes de sexsomnie, amplifiant la méfiance (Cankardas & Schenck, 2021). Dans de rares cas, la sexsomnie a conduit à des complications juridiques, notamment lorsque les comportements sont interprétés comme des agressions (Cicolari et al., 2021).
« Tu m’étonnes qu’il y ait des complications relationnelles ! »
Reste optimiste Lara, il existe des solutions.
Comment gérer la sexomnie ?
Entrons maintenant dans le vif du sujet ! Rassurez-vous, ce trouble n’est pas une fatalité. La première étape consiste à consulter un spécialiste du sommeil, souvent dans un centre équipé pour réaliser une polysomnographie, un examen qui enregistre l’activité cérébrale et corporelle pendant le sommeil (Schenck et al., 2019). Cette approche permet de confirmer le diagnostic et d’identifier les troubles associés.
Plusieurs stratégies thérapeutiques se dessinent. Tout d’abord, les changements de mode de vie sont essentiels. Réduire la consommation d’alcool, adopter des horaires de sommeil réguliers, et gérer le stress peuvent diminuer la fréquence des épisodes (astuces pour améliorer son sommeil). Une étude a montré une réduction de 40 % des épisodes avec une meilleure hygiène du sommeil (Dubessy et al., 2017). Ensuite, traiter les troubles concomitants est crucial. Par exemple, l’utilisation d’un appareil à pression positive continue (CPAP) pour l’apnée du sommeil a résolu la sexsomnie dans 60 % des cas associés (Khawaja et al., 2017).
En complément, les médicaments jouent un rôle important. La clonazépam, un benzodiazépine, est efficace dans environ 70 % des cas pour réduire les parasomnies, bien qu’elle puisse entraîner une dépendance à long terme (Andersen et al., 2019). D’autres options, comme la paroxétine, un antidépresseur, ont montré des résultats prometteurs dans des cas spécifiques (Martynowicz et al., 2021). Par ailleurs, les thérapies psychologiques, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), aident à gérer l’anxiété ou la honte, tandis que la thérapie de couple renforce la communication et la compréhension mutuelle (Muza et al., 2016).
Enfin, bien que moins étudiée, l’hypnothérapie pourrait offrir une piste intéressante. En renforçant le contrôle inconscient pendant le sommeil, c’est une approche qu’il est important de considérer. L’éducation de l’entourage reste également cruciale : expliquer que la sexsomnie est un trouble médical, et non un choix conscient, peut apaiser les tensions (Cankardas & Schenck, 2021).
« Ah oui, il existe pas mal de solutions. Mais ça reste handicapant… »
Il est tout de même possible de reprendre le contrôle Lara
En bref…
La sexsomnie, c’est un peu comme un passager clandestin dans votre sommeil : il agit sans votre permission, mais avec les bons outils, vous pouvez reprendre les commandes. Beaucoup de personnes ont réussi à transformer leur quotidien grâce à une prise en charge adaptée, retrouvant sérénité et harmonie dans leur vie intime. Si vous ou un proche êtes concernés, brisez le silence. La honte n’a pas sa place ici : demander de l’aide, c’est ouvrir la porte à une vie plus apaisée.
Alors, qu’en pensez-vous ? Partagez vos réflexions, et continuons à démystifier les énigmes de l’esprit humain.
Bibliographie
- American Academy of Sleep Medicine. (2014). International classification of sleep disorders (3rd ed.). Darien, IL: American Academy of Sleep Medicine.
- Andersen, M. L., Poyares, D., Alves, R. S., Skomro, R., & Tufik, S. (2019). Sexsomnia: Abnormal sexual behavior during sleep. Brain Research Bulletin, 145, 1-6.
- Ariño, H., Iranzo, A., Gaig, C., & Santamaria, J. (2019). Sexsomnia: Clinical and polysomnographic features. Sleep Medicine, 63, 112-117.
- Bjorvatn, B., Grønli, J., & Pallesen, S. (2010). Prevalence of different parasomnias in the general population. Sleep Medicine, 11(10), 1031-1034.
- Cankardas, S., & Schenck, C. H. (2021). Sexsomnia: Case based classification and discussion of psychosocial implications. Sleep Science, 14(2), 187-192.
- Chung, S. A., Yegneswaran, B., Natarajan, A., Trajanovic, N., & Shapiro, C. M. (2010). Study finds that sexsomnia is common in sleep center patients. Journal of Clinical Sleep Medicine, 6(2), 149-154.
- Cicolari, F., Gambetti, E., & Moore, H. (2021). Legal implications of sexsomnia: A case series. Journal of Forensic Sciences, 66(3), 1098-1103.
- Dubessy, A. L., Leu-Semenescu, S., Attali, V., Maranci, J. B., & Arnulf, I. (2017). Sexsomnia: A diagnostic challenge. Sleep Medicine, 39, 104-108.
- Khawaja, I. S., Hurwitz, T. D., & Schenck, C. H. (2017). Sexsomnia and obstructive sleep apnea: A therapeutic challenge. Journal of Clinical Sleep Medicine, 13(5), 693-695.
- Martynowicz, H., Smardz, J., Wieczorek, T., & Mazur, G. (2021). Sexsomnia successfully treated with paroxetine: A case report. Sleep and Breathing, 25(1), 497-499.
- Muza, R., Lawrence, C., & Drakatos, P. (2016). The psychological impact of sexsomnia: A qualitative study. Sleep Medicine Reviews, 28, 88-93.
- Schenck, C. H., Arnulf, I., & Mahowald, M. W. (2019). Sleep and sex: What can go wrong? A review of the literature on sleep-related sexual behaviors. Sleep, 42(12), zsz174.
FAQ
La sexomnie est-elle dangereuse ?
La sexomnie peut être dangereuse en raison des comportements sexuels involontaires qui peuvent survenir. Il est important de consulter un spécialiste du sommeil pour un diagnostic et un traitement appropriés (Schenck et al., 2007).
La sexomnie peut-elle être traitée ?
Oui, la sexomnie peut être traitée avec des médicaments et des thérapies cognitivo-comportementales. Un spécialiste du sommeil peut recommander le traitement le plus approprié (Shapiro et al., 2003).
La sexomnie est-elle liée à d’autres troubles du sommeil ?
Oui, la sexomnie est souvent associée à d’autres parasomnies, comme le somnambulisme et les terreurs nocturnes (Guilleminault et al., 2002).
Est-ce que la sexsomnie est liée à un traumatisme ?
Pas nécessairement. Bien que certains cas puissent coexister avec un passé traumatique, la sexsomnie est surtout liée à des facteurs neurophysiologiques du sommeil NREM.
Peut-on prévoir un épisode ?
Rarement. Toutefois, l’identification des déclencheurs (fatigue, stress, alcool) permet parfois d’anticiper ou de limiter les risques.
La sexomnie est-elle un trouble psychologique ou neurologique ?
Elle est considérée comme une parasomnie, impliquant des mécanismes neuropsychologiques et émotionnels.
Peut-on traiter la sexomnie sans médicaments ?
Oui, les thérapies cognitivo-comportementales et les techniques de relaxation sont efficaces.
Comment savoir si l’on souffre de sexomnie ?
Un diagnostic médical et une polysomnographie sont nécessaires pour confirmer la présence du trouble.
Tout le monde peut-il devenir sexsomniaque ?
Les personnes avec des antécédents de parasomnies ou des déclencheurs (alcool, stress) sont plus à risque, mais le trouble reste rare. Bjorvatn et al., 2010
Peut-on guérir complètement ?
Une rémission est possible avec un traitement adapté (médicaments, hygiène du sommeil). Environ 70 % des patients voient une amélioration avec la clonazépam. Andersen et al., 2019
MARIUS François Psychologue et Hypnothérapeute Moulins 03000