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La dépression est un trouble mental qui touche plus de 300 millions de personnes, mais reste sous-diagnostiquée. Découvrez ses symptômes, ses mécanismes cognitifs et les solutions pour accompagner efficacement ceux qui en souffrent.
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C‘est un diagnostic assez commun qui touche plus de 300 millions de personnes. Cependant, malgré cette fréquence d’apparition, la dépression reste sous-diagnostiquée. Que ce soit à cause du nombre de formes différentes qu’elle peut prendre (trouble dépressif caractérisé, trouble dépressif persistant, trouble bipolaire…) ; à cause des comorbidités (anxiété, épilepsie, addiction, TDAH, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson…) ou à cause des plaintes somatiques pouvant lui être associée (douleurs musculaire, trouble de l’appétit, du sommeil, sexuel, constipation…) et parfois encore, à cause de l’image que ce diagnostic renvoie.

« Il suffit de se mettre un bon coup de pied au c** et ça ira mieux ! »

Hé non Gérard ! Le principe de la dépression c’est qu’on n’a pas l’énergie nécessaire pour se mettre ne serait-ce qu’une pichenette.

Manifestations :

C‘est ce qu’on appelle l’asthénie, l’un des symptômes principal de la dépression : une fatigue générale qui ralentit le fonctionnement moteur, mental et qui revient de façon chronique. La moindre action demande un effort considérable pour la personne. Ce qui est déjà assez problématique en soi. Le pire, c’est que la personne ne ressent plus de plaisir ou d’intérêt pour quoique ce soit (anhédonie). Mais ça, ce n’est qu’une partie de l’iceberg, puisque…

Qui dit dépression dit humeur triste/dépressive. Ce peut-être en réaction à un deuil, une rupture amoureuse ou même sans raison apparente. L’humeur de la personne est atteinte ainsi que l’estime qu’elle a d’elle-même.

« Je ne vois pas le rapport entre l’humeur et l’estime de soi »

Oui, c’est pas forcément évident, mais pourtant…

Dévalorisation :

Le cerveau fonctionne par compartiments et catégories. Lorsqu’il range des informations en mémoire, il va leurs trouver des points communs et les ranger avec des choses similaires (c’est d’ailleurs ce qui fait que les stéréotypes, les clichés et le racisme existent). Un bureau et une table, seront rangés dans la catégorie sémantique « meuble ». Lorsque tu cherches des informations correspondant à la catégorie « meuble » tu pourras accéder à un bon nombre d’exemples (bureau, chaise, secrétaire…). Et ça fonctionne pareil pour le reste. En voyant un film triste, l’émotion ressentie va ramener les autres films tristes à la mémoire.

« ça a un rapport avec la madeleine de Proust ? »

OUI ! C’est exactement ça !

Dans le cas de la dépression, l’humeur triste rappelle les autres moments où l’humeur était comparable, généralement synonyme d’échec. Un souvenir triste appelle un autre souvenir triste, qui appelle un autre souvenir triste… L’estime de soi est variable dans le temps puisqu’elle se base sur la mémoire de ce qui a été réalisé. Si j’ai fait des grandes choses dont je suis fier toute ma vie, mon estime sera au taquet. Si je ne me souviens que des actions dont j’ai honte, je considérerais que toutes les actions que j’entreprends seront honteuses…

De plus, le cerveau aime la cohérence. S’il se sent triste, il sera attiré par un environnement en accord avec cette émotion. Typiquement, lorsqu’on se sent triste, on écoute de la musique triste, on regarde des films tristes…

Donc, la personne se sent triste et sans valeur. Elle n’est pas en capacité de se souvenir d’autres moments de sa vie que ceux qui illustrent ces ressentis.

« Oui, donc il suffit de lui mettre un coup de pied au derrière ! »

Absolument pas ! La personne atteinte de dépression n’a pas conscience de tout ça :

Anosognosie :

Comme nous le disions dans l’article sur les psychoses, l’un des symptômes de la dépression est l’anosognosie (déni du trouble). La personne qui en souffre est alors inconsciente que son état, son humeur, ses idées noires sont induites par cette pathologie et que ce n’est que passager. Dans l’imaginaire collectif, c’est le fou qui dit qu’il n’est pas fou (« l’enfer, c’est les autres » Jean-Paul SARTRE). C’est là la difficulté principale !

L‘accompagnement psychothérapeutique le plus efficace consiste justement à lui faire prendre conscience de ça et de pouvoir stimuler la personne à dépasser cet état pour réaliser des actions faisant diminuer l’humeur triste.

« Ha ! Donc on lui met un bon coup de pied !? « 

Non Gérard, toujours pas ! On l’accompagne !

Stratégie thérapeutique :

Un objectif final est choisi avec le patient (cet objectif doit respecter certains critères rappelés pas le psychologue) ainsi que des objectifs intermédiaires. Le but du jeu étant de remettre la machine à bonheur en route (dopamine et sérotonine qui sont des neurotransmetteurs sécrétés pour nous permettre d’atteindre un objectif et d’en ressentir de la satisfaction/joie).

Le terme « accompagnement » est important puisqu’il met l’accent sur les capacités et les ressources de la personne.

On ne va pas demander à un aveugle de peindre un paysage

Pour la dépression, c’est pareil ! On choisi des objectifs facilement atteignables avec une difficulté croissante, parce que la dépression puise son énergie (ou son manque d’énergie justement) dans la rumination. Vous vous souvenez ? C’est ce qu’on a appelé l’asthénie.

« La rumination ?! Comme les vaches !? »

Si tu veux Gérard…

La rumination :

La rumination consiste à garder une pensée en tête et la tourner, la retourner dans tous les sens avec comme seule aboutissement, un sentiment de peur, de tristesse et/ou de colère. Donc oui, c’est un peu comme les vaches qui vont mâcher, mâcher et encore mâcher l’herbe sans jamais l’avaler, sans jamais la digérer…

« Ah d’accord, c’est les gens qui disent qu’ils pensent trop »

Exactement !

Généralement, cette affirmation indique qu’il y a des chances pour que la personne rumine. Il faut d’abord s’en assurer, puis lui apprendre à interrompre ces ruminations qui agissent comme un chef d’orchestre jouant en boucle Le Requiem en Ré Mineur de Mozart.

« J’adore cette musique ! « 

Tu nous ferais pas un coup de déprime Gérard ?

Bref,

C‘est un mécanisme complexe qui s’auto-entretient : l’humeur triste rappelle des souvenirs tristes et des échecs, l’estime de soi se construit sur les échecs qui sont considérés comme omniprésents dans la vie (« je suis un moins que rien »). Toutes ces pensées accaparent le cerveau, le fatiguent et le dépriment… Et on ajoute à cela d’autres symptômes tels que l’insomnie ou l’hypersomnie, agitation ou ralentissement psychomoteur, perte ou gain de poids considérable et parfois des pensées suicidaires.

En bref, il faut retenir une chose : toute dépression est temporaire ! Avec un accompagnement adapté et le temps nécessaire, le soleil revient toujours après la tempête. Alors, n’hésitez pas => Contact

Bibliographie :

  • American Psychiatric Association. (2013). Manuel Statistique et Diagnostique des Troubles Mentaux, (5ème éd.). American Psychiatric Association. Washington, DC.
  • Barbier, D. (2003). La dépression. Odile Jacob.
  • Bibring, E. (1953). The mechanism of depression.
  • Gilbert, P. (2016). Depression: The evolution of powerlessness. Routledge.
  • Hammen, C. (2005). Stress and depression. Annu. Rev. Clin. Psychol.1(1), 293-319.
  • Keck, M. E. (2010). Depression. Switzerland: Lundbeck (Schweiz) AG.
  • Miller, K., & Massie, M. J. (2006). Depression and anxiety. The cancer journal12(5), 388-397.
  • Paykel, E. S. (2008). Basic concepts of depression. Dialogues in clinical neuroscience10(3), 279-289.
  • Wasserman, D. (2011). Depression. OUP Oxford.
  • Williams, J. M. G. (2013). The psychological treatment of depression. Routledge.

FAQ

🔹 1. Quels sont les principaux symptômes de la dépression ?
Les symptômes incluent une humeur dépressive persistante, une perte de motivation et de plaisir (anhédonie), une fatigue chronique (asthénie), des troubles du sommeil, des pensées négatives récurrentes et parfois des idées suicidaires.

🔹 2. La dépression est-elle uniquement psychologique ?
Non, c’est un trouble complexe influencé par des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Des déséquilibres au niveau de certains neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine) jouent un rôle clé.

🔹 3. Pourquoi la dépression affecte-t-elle l’estime de soi ?
L’état dépressif entraîne une vision négative de soi-même. La mémoire privilégie les souvenirs d’échec, renforçant la croyance que l’on est incapable de réussir quoi que ce soit.

🔹 4. Peut-on guérir de la dépression sans traitement ?
Certaines formes légères peuvent s’améliorer avec le temps et un bon soutien social, mais la plupart des dépressions nécessitent un suivi psychologique et parfois un traitement médicamenteux.

🔹 5. Quel est le rôle des thérapies dans le traitement de la dépression ?
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) aident à identifier et modifier les pensées négatives automatiques. L’objectif est de casser la spirale dépressive en favorisant des actions progressives et positives.

🔹 6. En quoi consiste la rumination mentale ?
Il s’agit d’un mécanisme où la personne ressasse en boucle des pensées négatives sans parvenir à les dépasser, ce qui renforce l’état dépressif.

🔹 7. Comment accompagner une personne dépressive ?
Il ne faut ni la brusquer ni minimiser sa souffrance. L’écoute, la patience et l’encouragement progressif vers des petites victoires sont essentiels.

MARIUS François Psychologue et Hypnothérapeute Moulins 03000

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